De l’amphi au bar en passant par l’alarme incendie : Laurent Hénart s’essaye à la Démocratie
Le 19 avril, le Maire de Nancy avait Rendez-vous avec les nancéiens. Il répondait à l’invitation de l’ALH (Association Libérale Humaniste) à la Faculté de Droit pour débattre de l’avenir de la jeunesse. Une jeunesse qui s’est invitée de manière inopinée pour tirer la sonnette d’alarme sur une démocratie malade. Récit d’une rencontre qui a commencé dans un Amphi, pour se terminer de manière innatendue au bar.
Ils étaient environ 250 dans l’Amphi K12 de la Faculté de Droit de l’Université de Lorraine pour rencontrer le maire de Nancy dans le cadre d’une conférence organisée par l’ALH, une association récemment montée par des étudiants pour rouvrir le débat démocratique. Au programme : l’avenir de la jeunesse. Un sujet que Laurent Hénart connait bien lui qui fut secrétaire d’état chargé de l’insertion professionnelle des jeunes de 2005 à 2006 sous Jacques Chirac. Après un cours discours introductif, les questions s’enchaînent, et elles concernent surtout le niveau national : pourquoi la France est le pays d’Europe qui fabrique le moins d’emploi ? Comment lutter contre les délocalisations ? Des questions auxquelles Laurent Hénart répond de manière évasive, ne manquant pas de rejeter la faute sur François Hollande quand il en a l’occasion.
C’est alors qu’un jeune lycéen affilié au mouvement communiste prend le micro. Il interpelle le maire sur sa politique jeunesse, l’accusant de vouloir museler la vie étudiante à Nancy, un choix « purement démagogique, car les riverains qui se sentiraient dérangés et menacés par quelques noctambules sont vos potentielles électeurs. » Après une critique acerbe de sa gestion des transports en commun, le jeune lycéen met les pieds dans le plat : « vos choix et décisions politiques ne servent en aucun cas les habitants de Nancy et ses environs. Votre exceptionnelle hypocrisie ne s’arrête pas là […] si la jeunesse était votre priorité, Mr le Maire, vous la laisseriez faire la fête, se détendre, déambuler dans la nuit, contempler la place Stanislas, en clair, vous la laisseriez vivre. Mr le Maire, si vous vous occupez mal de notre présent, je ne vois pas en quoi vous influencerez positivement notre avenir. »
Le jeune intervenant est applaudi par une bonne partie de l’assemblée et copieusement boudée par l’autre (plutôt âgée). Laurent Hénart contre-attaque en accusant les sympathisants de gauche d’avoir aggravé la situation en votant François Hollande (encore lui !) mais n’aura pas l’occasion d’aller plus loin. Un brouhaha s’élève des couloirs de la faculté : une trentaine de militants du mouvement libertaire bloquent l’entrée en scandant des slogans anti-capitalistes. Alors que la police arrive, les militants s’en vont, mais déclenchent l’alarme incendie au passage, l’amphi est évacué.
Dehors, Bilal, le jeune lycéen communiste, estime avoir dressé « un bilan alarmant de la politique anti-jeunesse du maire qui est menée depuis 2014. » et ajoute que le maire « n’a pas répondu sur le fond. » Même s’il est visiblement amusé, Bilal tiens à préciser qu’il ne cautionne pas les actions du groupe libertaire, et qu’il souhaite être dans le dialogue.
Les discussions continuent finalement dans la rue, mais également au bar l’Aca proche de la faculté où les membres de l’ALH ont décidé de se retrouver pour continuer les discussions avec le maire. « Moi ça me fait plaisir parce que c’était mon troquet quand j’étais étudiant en droit et ça veut dire que quelles que soient les tentatives, on arrive jamais à empêcher les gens de se parler. » ironise-t-il. « C’est toujours triste de voir des gens – qui prétendent défendre les libertés, s’occuper des plus fragiles – empêcher les réunions et les débats. Je crois que dans les moments que l’on vit ce n’est pas un beau signal. […] et je crois qu’ils venaient pour la Loi El Khomri, donc c’est plutôt les socialistes qu’il faut aller voir. » (décidément.)
Même si les organisateurs de l’événement, un peu sonnés, se disent « particulièrement choqués » ils sont ravis de voir que le Maire prend malgré tout de son temps pour continuer à parler avec les jeunes. Les discussions sont plus fluides et plus intimistes, plus chaleureuses aussi et donc forcément plus sincères. On pourrait retenir que quels que soient les dialogues citoyens, c’est toujours François Hollande à la fin qui en prend pour son grade.
La démocratie ? Oui ! Mais avec modération.