Planétarium : du « bel esprit »
*bel esprit (n.m.) : Genre d’esprit qui ne manque ni de distinction ni d’élégance, mais qui tombe facilement dans la prétention.
Quel dommage, tout était si prometteur. Pourtant Planétarium ne convainc pas. Certes, les ambitions sont grandes, les images magnifiques, et les cadres maîtrisés, malheureusement on se rend bien vite compte que le lyrisme qui se dégage de ce film est bien lisse, voire artificiel.
L’histoire nous présente deux jeunes médiums américaines (Natalie Portman et Lily-Rose Depp), achevant leur tournée mondiale dans le Paris des années 30. Un producteur de cinéma (Emmanuel Salinger), fasciné et déboussolé par leur don, les engagera alors pour tourner dans un film expérimental et ambitieux, lequel causera beaucoup d’effusions.
Dans Planétarium, Portman crève littéralement l’écran par son charme fou, tandis que Salinger est sincèrement touchant en producteur incompris. Mais fatalement, Lily-Rose Depp paraît effacée entre les deux pointures, en dépit d’un rôle décisif trop peu exploité dans leur relation triangulaire.
L’autre problème frappant du film, c’est sa quantité de thématiques abordées. En effet, les sujets demeurent presque tous traités à l’infime surface, qu’il s’agisse (au choix) de l’industrie du spectacle, de la communication avec les esprits, des avancées technologiques, de la famille et de la figure du père, ou de l’aube de la Seconde Guerre et de l’antisémitisme. Ouf.
On regrettera aussi cette fluidité quasi mécanique, avec laquelle s’enchaînent les scènes, compromettant ainsi franchement l’implication du spectateur dans l’histoire.
Devant le générique de fin, on pourrait même se demander quel pouvait bien être le but de ce récit à la narration vaporeuse. « Mais justement, peut-être ne faut-il pas chercher de message à Planétarium ? » me direz-vous. Il faudrait donc se contenter d’appréhender l’objet artistique sans vouloir en déterminer un sens ? Après tout, vouloir expliquer c’est déflorer la sensibilité véhiculée par l’oeuvre, non?
Soit.
Mais dans ce cas, c’est tout le paradoxe du film. Rendez-vous compte : le récit de Planétarium dépeint avant tout un homme qui, dans une quête éperdue, cherche à formuler quelque chose qu’il ne peut pas voir!
C’est là le gros souci de Planétarium. Un film qui voudrait signifier l’insignifiable. Bref, pour une histoire de spiritisme, l’esprit n’est pas là.
Pour plus d’infos ciné’ écoutez l’émission Box-o-film
Ouvert la nuit : le film pétillant de ce début d’année
La fille de Brest : le combat d’une lanceuse d’alerte