Changer de regard sur le handicap : le message d’espoir
Jeudi 14 mars 2019, le théâtre BMK de l’Île du Saulcy à Metz proposait une soirée sur le thème du handicap avec trois événements qui ont énormément touché le public présent sur place. Ces derniers ont pu assisté à la lecture du livre « Et tu danses Lou » par son auteur Philippe Lefait, livre que ce dernier a écrit avec son épouse Pom Bessot sur leur fille Lou née handicapée dû à un hasard génétique, le livre est fréquemment lu sur scène à la manière d’une pièce de théâtre, suivi ensuite de la diffusion du documentaire « Lettre à Lou » avec la présence de son réalisateur Luc Boland qui a fait ce film sur son fils Lou né avec un syndrome lui privant de la vue, ce dernier a ensuite joué les chansons de son premier album devant le public messin.
ET TU DANSES LOU
C’est dans une ambiance théâtrale que s’est ouverte la soirée sur le thème du handicap au théâtre BMK, quand les lumières des projecteurs se sont braquées sur Philippe Lefait et sur Lee Fou Messica qui s’est chargée de remplacer son épouse Pom Bessot avec qui il a écrit le livre « Et tu danses Lou », mais leur histoire elle, n’est pas fictive. Tout est raconté, des premiers instants de Lou jusqu’à sa vie d’aujourd’hui, les pires comme les meilleurs moments, car oui, cette vie n’a pas été de tout repos. Lou a enchaînée les analyses, les séjours à l’hôpital dû à des problèmes rares qui l’empêchaient de manger et d’avoir une vie normale. Au fur et à mesure de la lecture, le public ne peut qu’être de plus en plus admiratif devant le courage incroyable des parents et surtout de leur petite fille qui a lutté sans relâche en s’intégrant de mieux en mieux malgré sa différence. L’arrivée au monde de cette petite fille fut une joie immense tout comme elle fut également synonyme d’un moment très difficile, toute la complexité de ses mélanges de sentiments intenses est très bien exposée durant cette lecture. « Nous étions sensé t’accueillir, c’est toi qui nous cueille » voilà comment la naissance de Lou est en partie si joliment résumée par le papa Philippe Lefait. Les moments éprouvants énoncés ne donnent pas pour autant une teinte sombre et déprimante à la lecture car de nombreux moments de tendresses ont aussi enchantés cette vie tumultueuse, les parents ne manquent pas d’ajouter une touche d’humour à l’histoire en détaillant les moments parfois drôles dans la croissance de Lou.
C’est avec une forte émotion que nous constatons à quel point Lou fait progressivement son petit bonhomme de chemin et à quel point elle a su se relever malgré les obstacles qui se sont dressés sur sa route.
C’est en racontant ce combat que les parents parlent du problème de la peur des gens sur le handicap. C’est avec colère que la maman raconte toutes les remarques qu’elle a pu entendre sur son enfant, comme si cette dernière représentait un fardeau pour elle. « Si seulement ils savaient à quel point je suis fière de toi » clame-t-elle comme une réponse à l’incompréhension des gens non-concernés. C’est de cette manière que « Et tu danses Lou » est une arme parfaite pour changer le regard des gens sur le handicap.
LETTRE À LOU
Film documentaire belge réalisé en 2005 par Luc Bolland sur l’évolution de son fils Lou né avec un syndrome lui privant de la vue, l’évolution de ce jeune garçon est filmée par le papa qui exprime toute la peine qu’il a pu ressentir en apprenant cet handicap chez son enfant, peine qui s’accompagnait aussi d’une grande joie, il était une fois de plus question de ce mélange de sentiments semblables à celui des parents de l’autre Lou, le réalisateur n’a d’ailleurs pas hésité à dire toutes les similitudes qu’il a pu constater durant la lecture de leur livre. Luc Bolland décrit la réalisation de ce documentaire comme une « catharsis », comme un moyen de s’aider dans la grande souffrance qu’il a pu vivre durant les premiers moments de la vie de Lou. Les moments de sa vie, les plus tristes comme les plus joyeux ne sont ici pas lu mais directement montrés, les commentaires du père entre chaque séquence donne ce côté authentique et c’est avec grand intérêt que le public voit l’évolution de ce garçon qui découvre la vie tous les jours, entre sa découverte des instruments de musique, les peurs du garçon qu’il arrive petit à petit à surmonter, sa découverte de la montagne, des animaux et de tout autre chose qu’il connaîtra à sa propre façon et avec sa propre imagination. Le ton varie du pessimisme d’un père fatigué de constater que son fils ne peut pas voir ce que ses autres enfants voient à un émerveillement sans précédent lorsque Lou comprend ce qu’est un paysage ou un objet uniquement avec des sons avec des sensations ou avec le touché. Le documentaire se ferme sur cette phrase de Luc Bolland qui dit « Si je fais ce film, c’est pour montrer que des gens comme toi doivent exister ». Le tout délivre donc un merveilleux message de compassion et de compréhension sur les personnes atteintes de handicap.
LE CONCERT DE LOU
Après cette séquence forte, le public a pu directement rencontrer ce jeune garçon qui a bien grandi depuis, c’est un jeune homme de 20 ans, drôle et enthousiaste qui s’installe devant son clavier et devant son micro, « je vous kiffe » est sa formule préférée qu’il ne cesse de répéter au public et qui fut utilisée comme titre pour son premier album. La chanson d’entrée « Je m’appelle Lou » est une sorte de résumé de la vie du garçon et sonne comme une suite du documentaire. Les idées viennent en grande partie de lui mais le papa est également là pour aider à développer les compositions mais aussi à mettre en place le matériel pour ses concerts. Toutes les influences sont présentes dans la musique de Lou, du rap à la pop aux sonorités orientales et à celles de la variété française. Les thèmes vont de l’amour à la langue française jusqu’à ses voyages ou à la dénonciation du racisme et des injures gratuite. S’en suis des hommages aux artistes que Lou affectionne comme Maurane, le jeune garçon originaire de Belgique se permet même une reprise des « Bourgeois » de Jacques Brel ou encore de « l’Hymne à l’amour » d’Edith Piaf. Lou est sûr de lui, parle facilement au public et arrive à faire chanter les autres. L’évolution du garçon et ses progrès sont époustouflants.
Olivier Lallement, responsable de la MDE et qui est à l’initiative de cet événement, a montré son enthousiasme suite à la rencontre de Philippe Lefait et de Luc Boland dont l’histoire l’a énormément touché. Lieu d’échange et d’ouverture sur l’autre, la Maison de l’Etudiant de Metz a su sensibiliser son public à cette question. Une moment fort en émotion.