Messages racistes en sociologie à Metz: La procédure disciplinaire rend son verdict
Ça s’est produit en avril dernier. Des étudiants de deuxième année de sociologie ont sonné l’alerte après la découverte de messages racistes dans un groupe Facebook au sein de leur promotion.
Si le parquet a ouvert une enquête judiciaire, l’Université de Lorraine rend les résultats de la sienne le 11 juillet : les étudiantes ayant envoyé des messages racistes ne seront pas sanctionnées. L’université considère que “les faits n’entrent pas dans son champ de compétence” parce qu’ils “n’ont pas engendré d’atteinte à l’ordre ou au bon fonctionnement de l’établissement.”
La décision de la section disciplinaire a été dénoncée par plusieurs associations, dont SOS Racisme, qui pose la question dans son communiqué de presse “Comment des messages racistes écrits par des étudiantes et visant directement leurs camarades peuvent ne pas être considérés comme une atteinte à l’ordre et au bon fonctionnement de l’université ?”. Pierre Mutzenhardt, le président de l’Université, a regretté “les limites réglementaires qui ne permettent pas à l’Université d’agir sur des comportements inacceptables de la part de membres de la communauté, comportements qui sont en contradiction aussi manifeste avec les valeurs de notre établissement“.
“Il n’y a pas de racisme qui puisse être “ordinaire” ou de discrimination qui puisse être “légère””
“L’ensemble de la procédure disciplinaire a favorisé la prise de conscience des deux étudiantes qui ont exprimé de profonds regrets”, les étudiantes “ne seront pas inscrites à l’Université de Lorraine à la rentrée prochaine” a exprimé M.Mutzenhardt. Dans sa lutte contre les discriminations, l’établissement s’engage dans la “dynamique lancée fin avril par la Ministre de l’Enseignement Supérieur, sur le renforcement de la mission d’égalité-diversité et de la Recherche et de l’Innovation de Frédérique Vidal”.
L’université, toujours dans sa lutte contre le racisme, prévoit de renforcer les relations avec les associations engagées contre les différentes formes de discrimination et de participer à la journée nationale de lutte contre le racisme dans les universités, en mars 2020. L’établissement compte ouvrir une plateforme participative pour “recueillir les initiatives et les mettre en œuvre efficacement” accompagnée d’une opération de sensibilisation “tout au long de l’année”.
Cadre privé, cadre public
Une grande question qui s’était posé dans cette affaire est la limite du cadre privé/public. A l’heure des smartphones et des réseaux sociaux, quand commencent et terminent les propos privés et les opinions publiques ? Quand est ce que la contravention devient un délit ? Ce sera au parquet de Metz de décider.
Article écrit par Miguel Hidalgo et Tessa Gray