Passant.e.s, une pièce de théâtre qui parle de la rue
La rue, nous y sommes tous les jours. Nous nous croisons au détour d’allées, de boulevards et d’impasses. Et parfois, peut-être même souvent, on a de mauvaises surprises.
Mélina Dumay et Clémentine Kullmann ont voulu parler de la rue, et de ce qui peut nous arriver, de pire et de meilleur.
Le harcèlement de rue
C’est le point d’ancrage de Passant.e.s, car oui, dans la rue nous pouvons être confrontés à du harcèlement.
Le harcèlement de rue, ce sont les comportements adressés aux personnes dans les espaces publics et semi-publics, visant à les interpeller verbalement ou non, en leur envoyant des messages intimidants, insistants, irrespectueux, humiliants, menaçants, insultants, « en raison » du genre, de l’orientation sexuelle, de la couleur de peau ou du handicap de la personne.
Tout ça englobe les sifflements, les commentaires, les interpellations, les insultes voire les attouchements. Des comportements subis principalement par des femmes dans l’espace public de la part d’inconnus de genre masculin.
Ces comportements cumulés ne constituent ni de l’humour, ni des compliments et certainement pas de la drague.
Selon une enquête de VIRAGE en 2015, 25 % des femmes âgées de 20 à 69 ans déclarent avoir subi au moins une forme de violence dans l’espace public au cours des 12 derniers mois.
5 millions de victimes par an. Sur ces 25 %, 4 % (800 000 victimes sur 1 an) parlent d’insultes dans la rue.
5 % d’entre elles (1 million de victimes par an) ont vécu du harcèlement et des atteintes sexuelles dans la rue. C’est-à-dire du harcèlement sexiste, de l’exhibitionnisme, voyeurisme, être suivies, être pelotées, embrassées de force, etc.
Dans cette enquête, les attaques physiques sont tout aussi fréquentes que les attaques simplement verbales, de quoi faire bien peur.
Pour la revue de presse, Clémentine Kullmann est venue nous parler de la pièce Passant.e.s, de ce qu’est le harcèlement de rue pour elle et son équipe.
Parler de la rue dans la rue
Comment parler du harcèlement de rue avec sa seule expérience ? Eh bien, en recueillant des témoignages, et comment ? C’est encore quelque chose à chercher.
Eh bien, poser une petite cabane une semaine au mois de mars. Vous l’avez peut-être vue sur l’île du Saulcy, place de la République, place St-Louis, ou à la gare de Metz.
Pendant une semaine, micro à la main, elles ont recueilli les récits des passants et passantes sur ce qu’ils et elles vivent dans la rue.
L’explication de la boite à témoignage :
Ici, Clémentine nous explique aussi l’importance de l’écriture inclusive sur ce projet. Le harcèlement en lui-même a beau toucher plus de femmes, les hommes aussi sont dans la rue et voient et expérimentent des choses.
Pour parler d’un aussi lourd sujet que le harcèlement de rue, il faut de la préparation émotionnelle. Clémentine nous explique qu’elles ont dû se préparer pour accueillir les histoires des passant.e.s.
Équipe et écriture
Une pièce de cette ampleur ne se construit pas toute seule ! Clémentine nous dit qui est derrière tout ça, leur rencontre et leur dynamique de travail.
Il faut maintenant construire toute une pièce autour des témoignages qu’elles ont recueillis pendant une semaine. Le chantier est titanesque et Clémentine approfondit un peu plus la structure de la pièce au cours de l’interview.
Pleins feux festival
Le temps était presque compté pour elles. En effet, le festival Pleins Feux, organisé par le collectif Les Pièces Détachées à l’Espace Bernard-Marie Koltès, arrive ce samedi 4 juin.
Le collectif des Pièces Détachées a à cœur de mettre en avant des artistes émergeant dans le domaine du théâtre. L’équipe y participe en fin d’après-midi pour présenter le début de la pièce et rencontrer son premier public.
La suite ?
Les prochaines étapes sont de rencontrer le public, discuter, échanger sur le sujet du harcèlement de rue. Mais la pièce ne s’arrête pas là, elle est encore en cours.
Ce qui leur tient le plus à cœur, c’est de faire tourner le spectacle dans les théâtres, mais surtout le jouer dans des écoles, afin de toucher les plus jeunes, le plus vite possible.
Pour retrouver la pièce de théâtre Passant.e.s, c’est ce samedi 4 juin 2022, au BMK de Metz (gratuit sur réservation sur le site)
Sur Facebook: PASSANT·E·S
Ou Instagram: PASSANT·E·S