Le Cabaret Vert s’est finit avec des étoiles dans les yeux et des projets plein la tête

 In Actus, Culture, Musique

Le festival du Cabaret Vert (Charleville-Mézières) s’est déroulé du 15 au 18 août 2024. La 18ème édition du festival a accueilli plus de 100 artistes sur 5 scènes différentes avec une programmation riche en bande dessinée et de 8 tables rondes et d’un espace cinéma. L’évènement a ainsi attiré un total de 107 000 festivaliers. Radio Campus Lorraine a couvert ces quatre jours de festivités : c’est l’heure de dresser le bilan.

Cette 18ème édition du Cabaret Vert marque la troisième année consécutive de couverture de l’événement par Radio Campus Lorraine. Le festival, cette année, s’est offert une nouvelle scénographie, tournée autour du fleuve de la Meuse. Partagé entre ses deux rives, le Cabaret Vert propose toujours ses cinq scènes aux genres variés. D’un côté, la grande scène Zanzibar, la scène intermédiaire Illuminations, le rock de Zanzibar. Puis en traversant le pont, de l’autre côté de la rive, la dub et le reggae du Zion club ou Greenfloor et son rap et sa techno.

La scène Zanzibar du Cabaret Vert – © Drone Dark Room

Le rêve et l’imaginaire constituaient le thème du festival 2024. En levant les yeux, au-dessus du pont, les festivaliers pouvaient apercevoir des oiseaux lumineux dans les arbres. Ou ici, près du Zion Club, des néons colorés dissimulés dans les branches.

Sur le pont du Cabaret Vert – © T. Gérard Dark Room

BD : Nostalgie quand tu nous tiens

Comme chaque année, la bande dessinée, tout comme le cinéma, occupe une place de choix au Cabaret Vert. Cette édition a mis à l’honneur la nostalgie pour les vingt ans de Lou, la bande dessinée de Julien Neel. Cette saga retrace l’adolescence de son héroïne éponyme et son passage à l’âge adulte, accompagnant ainsi de nombreux lecteurs dans leur propre croissance. Présent sur le site du festival, Julien Neel a échangé avec les festivaliers et signé des bandes dessinées, chéries depuis l’enfance comme talisman ou bien achetées sur place. Soixante-dix autres auteurs étaient également invités tout au long du festival, parmi lesquels Garte (Ailleurs), Théo Grosjean (Eliott au collège), Jessica Jung (Les Légendaires), ou encore Francesco Trifogli (Morpheus).

Les célèbres prix du Cabaret Vert ont été décernés, récompensant le talent dans le domaine de la bande dessinée : le Prix BD Jeunesse a été attribué par Les Ambassadeurs, de Benoît Broyart et Laurent Richard (éditions Jungle) tandis que celui de la BD Tout public a couronné Frontierde Guillaume Singelin(éditions Rue de Sèvres). Un nouveau prix, celui de la Connaissance, a été inauguré cette année et décerné à Paysans de Céline Gandner et Marie Jaffredo (adaptéé de M-F Barrier, éditions Steinkis), sur les nouveaux modèles de paysans et agriculteurs.

Un monde nouveau en perspective ?

Parce que le Cabaret Vert est un lieu de fête, mais il se veut aussi un espace de réflexion sur le monde de demain. Plus équitable, plus écologique et en faveur du changement. L’Idéal est un espace du festival qui est justement consacré à la réflexion. Il a accueilli cette année des tables rondes autour des thèmes comme le lien entre agriculture et monde vivant, l’engagement des artistes pour une musique live plus responsable ou les croisements entre écoféminisme et lutte climatique.

Cet espace est à saluer dans un festival qui fait autant qu’il ne dit. Christian Allex, l’un des directeurs artistiques et programmateur du Cabaret Vert, nous affirmait que la fête s’ancre dans la réalité sociale et politique qu’est notre actualité. Et comme écrivait Paul Ricœur : « À une époque où tout est bloqué par des systèmes qui ont échoué mais qui ne peuvent être vaincus – telle est l’appréciation pessimiste que je porte sur notre tems -, l’utopie est notre ressource » !

La Vie en Vert

De la ressource, le Cabaret Vert n’en manque pas, et son monde idéal est aussi celui de projets environnementaux ambitieux. Lors de la conférence de presse donnée durant le festival, son organisateur Julien Sauvage et sa nouvelle responsable développement durable Camille Müller ont dévoilé leurs objectifs d’ici 2030 : fabriquer et utiliser 100% d’énergie renouvelable pour atteindre une autonomie énergique couvrant 95% des besoins du festival.

Enfin, les représentants du Cabaret Vert ont annoncé la création d’une communauté locale, autour de l’autoconsommation énergétique avec la production de 3 mégawatts à l’année : l’idée étant ainsi de faire profiter le territoire dans son ensemble et non seulement les quatre jours de festival.

Une initiative écolo bien ancrée au Cabaret Vert, les toilettes sèches – © R. Chanteloup Dark Room

Le Cabaret Vert s’est finit avec des étoiles dans les yeux, un peu mouillé de tristesse peut-être, et surement avec quelques restes de boue dans les chaussures – souvenir du temps pluvieux du quatrième jour de fête. Les festivaliers ont plié bagage, les campeurs ont quitté le terrain, non sans se plaindre du manque d’eau et de douches sur le camping. Le camping dont le terrain s’est d’ailleurs peu à peu transformé en pataugeoire.

Campeurs sur boue – © L. Pochet Dark Room

N’empêche, c’est le cœur serré que l’on dit au revoir au Cabaret. Il y a ce sentiment qui flotte sur le chemin du retour… comme l’écrivait Arthur Rimbaud à Gérard Izambard en 1870 : « que voulez-vous, je m’entête affreusement à adorer la liberté libre » ! Alors, Charleville se vide, les cœurs se serrent et on se souhaite de se revoir l’année prochaine.

Chaque Émissions spéciales Cabaret Vert, Les Carnets du Cabaret, sont à retrouver sur le site www.radiocampuslorraine.com

Avec Clément Roudot.

© B. Bartholet
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