Avant première et rencontre de l’équipe du film « Edmond » sur le créateur de Cyrano de Bergerac
L’équipe de Box-o films a une nouvelle fois eu l’occasion de participer à une avant première, cette fois-ci il s’agit du film « Edmond ». Nous avons pu rencontrer pour cette occasion le réalisateur et le comédien Thomas Solivéres qui interprète Edmond Rostand. Le film raconte l’histoire d’Edmond, le créateur d’un des plus célèbres personnages du théâtre français : Cyrano de Bergerac. Grand habitué des planches théâtrales, le réalisateur Alexis Michalik nous conte l’histoire d’Edmond, un homme remplis de doute qui va retrouver le goût de l’écriture poussée par le comédien Constant Coquelin. Edmond s’inspire de son vécu pour raconter cette célèbre histoire qui va traverser les frontières et les époques.
La première chose qui frappe en voyant le film, c’est son phrasé. Une approche singulière de la langue qui fait très théâtrale. Les répliques s’enchaînent avec efficacité, mais on sent que c’est écrit, à moins bien sûr que nous ayons extrêmement régressé intellectuellement depuis la fin du 19ème siècle (ce qui n’est pas impossible). C’est un peu déconcertant car ce phrasé théâtrale qui sied extrêmement bien aux aficionados de cet art est très mal vu au cinéma. Un film dit « théâtral » est souvent associé aux mauvais films, ceux qui n’ont rien de plus à offrir sur grand écran que dans une salle de théâtre. Pourtant Edmond est surprenant à ce niveau, certes il faut un peu de temps pour entrer dans le film, mais une fois que c’est fait, le film ne nous lâche plus d’une semelle et nous suivons les pérégrinations d’Edmond sans voir le temps passer. Edmond n’est pas du théâtre filmé mais un véritable film de cinéma, qui plus est un excellent film de cinéma !
Alexis Michalik nous raconte sa vison du personnage de Cyrano :
Michalik passe un cap. Que dis-je, une péninsule !
Alexis Michalik est avant tout un homme de théâtre. Edmond est une adaptation de sa pièce éponyme qui a reçu plusieurs Molières. Malgré son jeune âge il est connu et reconnu dans le milieu théâtrale et enchaîne les succès. Il aime changer de casquette, il sortira un roman d’aventure appelé « Loin » en début d’année prochaine. Michalik a réalisé plusieurs courts métrages qui se sont fait remarquer avant de passer à un format plus long. Mais où va s’arrêter le talent de cet homme ?
Et bien nous n’avons pas la réponse, mais ce que l’on peut dire c’est qu’en terme de mise en scène son film Edmond est très intéressant, il signe aussi le scénario. Sa caméra épouse les personnages, en tant que spectateur on est happé dans cet univers parisien du 19ème siècle. Il utilise beaucoup de plan circulaire (comme Michael Bay mais en mieux et sans explosions) pour nous faire virevolter d’extase comme ses personnages. Parfois cet effet est un poil trop présent. C’est un premier film il s’amuse avec sa caméra, ce n’est pas bien grave on ne lui en veut pas. Pour le reste c’est intriguant car il réussit l’exploit de la cohabitation entre le théâtre et le cinéma. Nous sommes plongés dans une salle de théâtre et pourtant nous sommes devant un film. On ressent véritablement l’amour que porte Michalik pour le théâtre au sein de son film, un phénomène assez rare au cinéma. Pour l’anecdote il a mis en scène une pièce de théâtre racontant les débuts du cinéma de Méliès dont Edmond est en quelque sorte la continuité.
Le réalisateur nous explique comment il a procédé pour obtenir cette hybridation :
Un casting qui à la fin de l’envoi, touche !
La distribution du film est assez éclectique. On y retrouve des acteurs habitués du film d’auteur comme Olivier Gourmet (Constant Coquelin) et au contraire des noms de la comédie dite populaire comme Mathilde Seigner (Maria Legault) ou encore Thomas Solivérès qui incarne Edmond Rostand. Ce dernier est bon dans le rôle principal, il sort de son registre habituel pour nous livrer une prestation convaincante. Même si on ne se remet toujours pas de sa petite moustache de dandy !
Celle qui crève l’écran c’est Lucie Boujenah, elle est magnifique dans son rôle de Jeanne. En tant que muse elle délivre toutes ses caractéristiques, que ce soit la beauté ou la vivacité d’esprit. Le réalisateur est lui aussi présent à l’écran, il incarne Georges Feydeau, un metteur en scène méprisant et hautain. Il nous a confié qu’incarner ce personnage l’a beaucoup fait rire. Olivier Gourmet est aussi bon en Coquelin qu’en Cyrano, si bien qu’il arrive presque à effacer la prestation de Gérard Depardieu, enfin un court instant car Cyrano, selon la légende, aurait été pensé pour être incarné par notre Gégé national. Seul petit point noir au milieu du casting, Mathilde Seigner en fait trop dans son rôle d’actrice reine.
La création du personnage d’Edmond Rostand par Thomas Solivérès :
Edmond, un film sur Cyrano ?
Comme son nom l’indique, le film est sur Edmond Rostand, par sur Cyrano de Bergerac. Alors, bien sûr des passerelles sont à faire entre les deux car Edmond s’inspire de sa propre vie pour écrire son œuvre. Par exemple la scène du balcon où Cyrano parle à Roxanne en prétendant être son ami qui veut la conquérir est montré tel quel dans le film. Cyrano devient Edmond mais les sentiments entre les personnages sont inchangés. Edmond et son meilleur ami aiment la même femme, il lui demande de lui parler en poème à sa place pour la conquérir. Ce qui fait qu’en terme d’écriture, au sein du récit nous nous retrouvons face à des passages retranscrit presque mots pour mots de Cyrano de Bergerac, ce qui est une idée assez brillante.
L’auteur selon Alexis Michalik :
Avec toutes ces similitudes entre Edmond et Cyrano, à la sortie du film on se demande ce qui tient du vrai ou du faux. Edmond était il aussi proche de Cyrano que le laisse penser Michalik ? La réponse tiens en une phrase : le film est une fiction réaliste. Il est tellement bien fait que l’on ne peut pas se dire que c’est faux et pourtant certains éléments le sont. Par exemple le réalisateur a décidé d’exclure la remise de la légion d’honneur de son film car lors de la générale de la pièce elle est intervenue au bout du troisième acte, ce qui nuisait à la dramaturgie du film. Ce trouble entre réel et fiction est en accord total avec le ton du film qui oscille entre la comédie et le drame, un peu comme la pièce. Et c’est sans doute là que se cache la vraie force du film, dans son unité avec l’œuvre original tout en amenant un nouveau point de vue. Le film est une réussite totale, en particulier pour un premier film, il sort en salle le 9 Janvier prochain. Michalik a déjà fait forte impression au théâtre, nul doute qu’avec ce film il fasse de même dans le milieu du cinéma !
Alexis Michalik, l’art de faire des œuvres populaires et exigeantes :
L’équipe de Box’O Film remercie notre partenaire UGC Nancy Saint Jean pour cette avant première et cette rencontre.