HANDICAP : RÉUSSIR DANS LA POURSUITE DE SES ÉTUDES. TÉMOIGNAGES.
Pour la treizième année consécutive, l’Université de Lorraine et l’académie de Metz-Nancy organisaient deux journées consacrées au thème « Handicap et Études supérieures », le 23 et 30 janvier 2019 à l’ENIM de Metz et au lycée Chopin à Nancy.
Comme chaque année, les deux derniers mercredis du mois de janvier sont l’occasion pour l’Université de Lorraine et les différents acteurs de l’enseignement supérieur lorrains, de présenter aux familles et aux lycéens en situation de handicap les politiques et dispositifs de prise en charge des établissements.
Le but de ces rencontres organisées par Frédéric Bolle, inspecteur de l’éducation nationale et conseiller technique pour le handicap auprès de la rectrice et Yves Cardellini, référent handicap de l’Université de Lorraine, est d’informer, de rassurer et de répondre aux questions des parents et futurs étudiants.
Elles permettent aussi un moment d’échange entre les élèves et des étudiants venus parler de leur propre expérience.
Ces étudiants, ce sont Assane, déficient visuel, Cyril qui présente un handicap moteur pour la journée à Metz. A Nancy six étudiants se sont déplacés, parmi lesquels : Alice, déficiente auditive ou encore Antonin porteur du trouble du spectre de l’autisme. Interrogés sur leur parcours, leur accompagnement au quotidien dans leurs études, ils ont partagé face à un public à l’écoute, les aménagements mis en place pour eux et leur ressenti. Leurs expériences sont riches et sont partagées face à un public de parents et d’élèves.
Certains parents sont venus pour soutenir leurs enfants avec un projet bien construit.
« Construire un projet professionnel le plus ambitieux possible ».
« La loi de février 2005 confirme le droit de tout enfant handicapé à l’accès à l’école » rappelle M. Bolle. Garantir l’accès à l’éducation, à un réel parcours de formation le plus ambitieux possible est fondamental. Il attire cependant l’attention sur le fait de « bien réfléchir par rapport aux efforts demandés et aux possibilités d’insertion professionnelle ».
Quand Cyril parle de son projet (travailler sur les exosquelettes ou dans la robotique) il affirme que « comme tout ce que j’ai fais jusqu’à présent, ce n’est pas mon handicap qui a joué sur mon envie ». Son orientation s’est construite à partir d’une « envie personnelle » puis avec l’aide de ses professeurs de collège et de lycée.
L’idée de poursuivre ses études dans l’informatique, elle est venue de sa scolarité : « je suis habitué à travailler avec un ordinateur depuis l’école primaire, alors au début c’était juste pour comprendre comment ça fonctionnait, et voilà où j’en suis maintenant ».
Pour tous, leur handicap n’a jamais été pris en compte dans leur choix d’orientation comme le confirme Valentin, porteur d’un handicap moteur. « J’ai toujours été scolarisé normalement, mon handicap n’est pas un frein. Je fais ce que j’ai envie« .
Une solution adaptée apportée à chacun.
Certains abordent leur orientation avec un peu d’appréhension comme Clarisse, en licence de sciences de la vie et atteinte de la maladie de Crohn. « J’avais peur de ne pas pouvoir tout suivre, de ne pas tout comprendre et rater mes examens« . Mais un accompagnement adapté à chacun est prévu pour palier à ces difficultés.
Yves Cardellini insiste d’ailleurs auprès du public présent : il est important de contacter le référent handicap du futur établissement dès lors que le lycéen a défini son projet d’orientation. Plus tôt la démarche est réalisée, plus tôt des aménagements pourront être opérés dès le début d’année.
Cette première prise en charge va permettre de réunir une commission de handicap qui définira les besoins de l’étudiant. Cela peut être un secrétaire, comme pour Assane à son arrivée en licence, qui prenait en note les cours pour lui. Il bénéficie aussi d’aménagements pour les partiels « au début je passais les examens dans une salle à part avec un secrétaire, mais maintenant je suis avec les autres et je me sens plus à l’aise comme ça». Les accompagnements sont modulables au cours de l’année selon le souhait de l’étudiant.
Cyril, en DUT informatique, peut lui aussi faire appel à un secrétaire pendant les cours. La personne n’est pas la même au fil de la journée mais c’est un point positif pour lui : « c’est bien d’avoir différentes personnes ! Je crée des liens et je peux avoir des avis et des conseils variés ».
Christelle Landfried, directrice du SISU, le Service d’Intégration Scolaire et Universitaire explique qu’ils interviennent aussi auprès des enseignants afin de pouvoir transmettre les documents de cours dans les temps aux étudiants nécessitant un format adapté à leurs besoins.
Présente à Metz, la responsable des études et de la scolarité de l’école supérieure des arts de Lorraine promeut la « facilité à s’adapter à chaque profil de jeune» possible par la « pédagogie différenciée voulue par l’école ». Les familles présentes dans le public apprécient.
« De la détermination et de l’envie ».
Quand les questions de l’intégration et de la vie étudiante sont abordées, Cyril rassure immédiatement : « là vous n’êtes pas au lycée, où on est mal vu en tant qu’handicapé. A l’université c’est différent : les gens sont plus ouverts d’esprit ». Assane confirme « entre étudiants ça n’est pas compliqué, il y a toujours une complicité et ça se passe très bien ». De quoi rassurer les lycéens venus assister à cette rencontre.
Et pour les sorties ? « Je suis une fêtarde, je sors souvent les jeudis soirs! » confie Alice, étudiante en BTS professions immobilières. « Il faut s’organiser« , nuance Maïwenn qui a parfois besoin de son fauteuil roulant. « Mais si j’explique ma situation, que je discute avec les étudiants, je peux demander de l’aide, ça crée des liens!« . En bref, pas d’obstacle.
« Dans la vie tout le monde a des projets, mais il faut se donner les moyens de les réaliser. A des moments on peut douter mais il faut avoir un mental de fer. Ce n’est pas compliqué, la réussite c’est la détermination et l’envie ». Ce sont les mots d’Assane, étudiant en master 2 de sciences sociales, pour conclure cet échange entre étudiants et futurs étudiants en situation de handicap. « Allez jusqu’au bout et soyez fier de vos réalisations », à quoi Cyril ajoute « si vous avez envie de le faire faites le. Le regret c’est la pire chose qui puisse vous arriver. Même si vous échouez, au moins vous aurez tenté votre chance ».
Un message d’espoir et de bienveillance qui achève une première journée d’information sur Handicap et Études supérieures.
L’émission enregistrée le 30 janvier 2019 au lycée Chopin de Nancy :
Listen to Table Ronde Handicap et Etudes supérieures – 30/01/19 byRadio Campus Lorraine on hearthis.at