Conférence à Nancy – L’éducation vue par Nicolas VANNIER
Ce mardi 29 janvier 2019 s’est tenue, à la Brasserie de l’Académie à Nancy, une « conférence sur l’éducation » organisée par l’ALH, Association Libérale Humanitaire, avec l’intervention de Nicolas VANNIER, enseignant d’Histoire dans le secondaire et porte-parole Éducation de la France Insoumise.
La conférence, organisée par l’Association Libérale Humanitaire (se revendiquant comme « non politisée ») a rassemblée pas loin de trente personnes dès 18 heures, à la brasserie L’Académie, située place Carnot, à l’angle de la faculté de droit de Nancy.
Un repère connu pour abriter régulièrement des débats, bien souvent orientés politiquement à droite. Mais ce jour, il en est tout autrement : en effet, le locuteur principal de ce meeting n’est autre que l’ « orateur national de la France Insoumise », dont le rôle de professeur d’histoire n’est ici que de peu d’importance. Car en effet, l’heure n’est pas à parler d’éducation, mais bien plutôt du programme de la France Insoumise en matière d’éducation.
Programme dont Paul Vannier a été le fer de lance, puisqu’il a lui même rédigé le « livret » consacré à l’éducation dans le programme du mouvement (qui en compte quarante, au total).
Ainsi, durant deux heures, l’intervenant a pu s’exprimer sur la nécessité d’une « autre école », devant un auditoire âgé de dix-huit à plus de soixante ans.
Parlera-t-on des méthodes d’éducation alternatives, de l’émergence de nouvelles méthodes d’apprentissage ?
Malheureusement non, seule sera évoquée une « école de l’égalité », que l’orateur opposera à la « marchandisation de l’école », mettant en garde contre l’adéquationnisme, qu’il définit comme la tendance actuelle à créer des baccalauréats locaux en adéquation avec les entreprises locales (dans le cadre des campus des Métiers par exemple).
Ainsi, l’on annonce qu’il faut changer ce système, pour une « école de l’émancipation ». Sans expliquer plus avant ce que cela signifie, ce que cela change, ce que cela induit, si ce n’est un vague rapport avec « l’urgence climatique » et l’ « apprentissage de la citoyenneté ».
Au lieu de cela, l’orateur ajoute que les réformes actuelles sont mauvaises, que « Blanquer fait supprimer des postes dans l’Éducation nationale », et que la France est dans un moment de crise particulier, évoquant sans en parler les noms de « gilets jaunes » ou de « stylos rouges ».
Vient alors le temps du « débat », qui finalement se résume à une succession de questions sur les propositions que la France Insoumise met en avant dans son programme, là où l’on aurait, peut-être, voulu entendre parler d’éducation.
L’on s’en tiendra donc à des promesses de campagne, comme la création d’une « allocation d’autonomie », pour financer les diverses dépenses liées au statut d’étudiant, en réponse à une question concernant « la sélection par l’échec à l’université ».
Viendront également des questions au sujet de l’enseignement privé, sur lequel M. VANNIER martèle : « ce n’est pas aux collectivités et aux impôts locaux de financer les choix de telle ou telle famille ». En effet, selon lui, les 10 milliards d’euros qui lui sont alloués devrait plutôt servir à soutenir les établissements scolaires publics. Rien, en revanche, sur les coûts de fonctionnement que les écoles privées assument, là où les écoles publiques sont prises en charge par l’État, malgré la question d’un étudiant « de droite, et [qui n’a] pas honte de le dire ».
Suite à des interrogations sur la responsabilisation des lycéens, jugés trop encadrés par « le comptable, le proviseur et autres » par un des participants, la France Insoumise promet un abaissement de la majorité à seize ans, permettant ainsi plusieurs nouveautés, notamment le droit de syndicalisation des lycéens « dans le respect du fonctionnement des services publics ».
D’autres projets seront évoqués, comme la formation des enseignants pour les accompagnements plus « spécialisés », a création d’un parcours commun à tous les élèves jusqu’à 17 ans, une réforme des rythmes scolaires « mal gérés », ou encore l’augmentation, bien sûr, du nombre d’infrastructures et du personnel nécessaires à l’enseignement.
Quant à la question du financement, outre ce qu’il est envisagé de prendre sur le budget des écoles privées, la solution évidente et entendue par tout l’auditoire est celle des quatre-vingts milliards d’euros d’évasion fiscale, esquivant la problématique soulevée par un jeune homme : « mais si tous les services publics disent »on peut taper sur ces quatre-vingts milliards », en admettant même de les récupérer, comment on s’en sort ? »
La discussion s’oriente alors sur d’autres thématiques, comme l’ISF, « les 1% les plus riches », le « service militaire » ou encore « Macron et Marine le Pen ». La principale ligne de conduite suivie par l’intervenant est alors de prôner la « désobéissance de la France envers les directives européennes », pour mener vers une sortie de l’Union Européenne, avec l’espoir d’être soutenue par d’autres États membres.
Une conférence qui aura donc répondu à des questions politiques, sans toutefois toucher à la notion d’éducation en elle-même. Comme l’a finalement avoué l’orateur de vive voix : « je vous présente un programme politique ».
Un programme politique qui a toutefois agacé le reste des clients de la brasserie, s’impatientant ou s’amusant des « sans dents », ainsi qu’un homme appuyé au comptoir surnomma les participants.
Une conférence qui aura certainement plu à son auditoire ; on regrettera malgré tout l’absence d’un débat d’idées plus profond, ou même simplement d’un intervenant impliqué dans les sciences de l’éducation.
Un article bien ficelé mon cher Thomas!