Biais cognitifs : les mécanismes pour tromper
Quel rôle joue notre cerveau dans la détection du piège des Fake News ? Quels sont les mécanismes d’écriture qui rendent les Fake News crédibles ? Sophismes, syllogismes et autres biais cognitifs : les Fake News sont passées au crible de la zététique dans cette deuxième séance du Forum des Médias Jeunes 2020
Introduction, l’incident de Magny
Dans la première séance nous avions vu le cas de Jack L’éventreur, dont les Fake News ont participé à la création d’un mythe. Dans celle-ci, vous trouverez le récit d’une fausse nouvelle de la Grande Guerre : l’incident de Magny.
On retrouve dans le phénomène des fausses nouvelles de la guerre des préoccupations, mais également des similitudes, avec les problématiques que nous rencontrons aujourd’hui face aux « fake news ». Bien qu’elles servent, à la fois d’élément de désinformation de l’ennemi, ou d’arme psychologique contre les populations adverses, c’est l’avènement des médias de masse, comme la presse, qui permet la circulation des fausses nouvelles, approximations et erreurs, faisant alors partie du lot quotidien de la circulation des informations en temps de guerre. Mais c’est bien la méfiance, voire le mépris, d’une partie des élites face aux masses qui justifiera l’utilisation à outrance de la propagande et de la censure pour servir l’effort de guerre.
Plus encore, c’est la méfiance de l’opinion face aux journalistes et à l’information qui facilitera la circulation et la croyance populaire dans les rumeurs et les ragots. Ainsi, la censure des journaux jouera pour beaucoup dans l’amplification des fake news et des légendes, servant ainsi la propagande.
Si nous avons choisi cette histoire, qui nous l’espérons va vous plaire, c’est d’une part, pour vous rappeler que même si l’utilisation du terme Fake News est récent, les fausses nouvelles, elles, existent depuis longtemps. Mais c’était également l’occasion de vous rappeler l’influence qu’ont joué certaines désinformations en temps de guerre, et que la méfiance des citoyens envers les médias de masse était déjà présente à l’époque, à cause de la censure et de la propagande d’État. Cela, on l’a vu, n’empêcha pas les Fake News de se propager, par les rumeurs et les ragots. Cette situation est plus que jamais d’actualité, les rumeurs et les ragots se transformant : en tweets, et en posts Facebook.
Les notions importantes
Voici quelques mots-clefs essentiels à la compréhension de la vidéo de cette séance.
Biais Cognitif : schéma de pensée trompeur et faussement logique. Cette forme de pensée permet à l’individu de porter un jugement, ou de prendre une décision rapidement. Ils influencent nos choix, en particulier lorsqu’il faut gérer une quantité d’informations importante ou que le temps est limité. Il se produit ainsi une forme de dysfonctionnement dans le raisonnement. Pour passer à l’action ou donner un sens à un événement, le cerveau va utiliser des croyances subjectives inconscientes. Le risque de décision erronée devient alors important. Ce mécanisme est systématique. Autrement dit, pour un individu donné, telle situation entraînera tel biais cognitif. Toutefois, en être conscient permet à l’être humain d’exercer son libre arbitre.
Exemple de biais cognitif : l’effet de halo. Il se produit quand la perception d’une personne est influencée par l’opinion que l’on a préalablement à son propos. Par exemple, une personne de belle apparence physique sera perçue comme intelligente et digne de confiance.
Syllogisme : raisonnement logique mettant en relation au moins trois propositions. Deux ou plus d’entre elles, appelées « prémisses », conduisent à une « conclusion ».
Exemple : « Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme; donc Socrate est mortel ». Les deux prémisses (dites « majeure » et « mineure ») sont des propositions données et supposées vraies, ce raisonnement permettant de valider la validité formelle de la conclusion, qui est nécessairement vraie si les prémisses sont effectivement vraies.
Subjectivité : état de quelqu’un qui considère la réalité à travers ses seuls états de conscience. C’est un jugement qui fait intervenir ses préférences personnelles, contrairement à l’objectivité.
Crédibilité : caractère de quelque chose qui peut être cru, qui peut être digne de confiance. La crédibilité d’une chose dépend de la valeur de ses informations, affirmations, avis et conseils qui y sont associés. Elle est en partie le résultat d’une perception, et dans certains cas d’incertitudes inévitables.
Jeu de la photo, et jeu du syllogisme
Deux jeux ont été effectués pendant cette séance, le premier, que vous retrouverez dans notre vidéo est le jeu de la photo. Le but est de comprendre nos propres biais lors de la description d’une personne.
Le deuxième est le jeu du syllogisme. Un syllogisme est un raisonnement logique mettant en relation des propositions entre elles, conduisant à une conclusion. En équipe, les joueurs vont devoir inventer une corrélation entre 3 mots donnés. Ils vont donc devoir établir une fake news, un biais de confirmation, en mélangeant 3 concepts qui n’ont rien à voir ensemble, comme on en voit parfois sur les réseaux sociaux.
L’intervenant du jour
Thomas C. Durand, alias Acermendax sur sa chaîne YouTube, est un écrivain, biologiste, dramaturge, vidéaste web et vulgarisateur français. Cofondateur de l’Association pour la science et la transmission de l’esprit critique (ASTEC), et de la chaîne YouTube La Tronche en biais, consacrée à l’esprit critique et à la zététique. Il tient aussi un blog intitulé La Menace théoriste.
Thomas C. Durand nous a fait le plaisir d’intervenir lors de cette deuxième séance du Forum des Médias Jeunes pour nous partager son expertise sur les biais cognitifs.