Fight For Your Right To Party !
Nous aurions pu faire un article sur cette énième 21 juin aux allures de siège à Nancy, et pour la première fois cette année un peu partout dans le pays : « État d’urgence sur le fun en France! » ça c’est de la titraille qui tue. Nous aurions pu, avec force détails, vous expliquer toutes les interdictions et arrêtés préfectoraux pris pour cette fête de la musique comme cela à déjà été fait ici. Nous aurions pu vous faire un florilège de vos réactions a vous, les jeunes en mal de teufs, et aux musiciens en mal de scène. Mais non.
Non, car pour la plupart d’entre nous (on oubliera ceux qui ont préféré rester devant la télé pour regarder le foot) nous avions décidé de sortir dans notre ville pour nous amuser coûte que coûte. Parce qu’il s’il y a bien encore quelque chose dans ce pays qui ne nécessite ni arrêté préfectoral ou dérogation, c’est faire la fête. Pour ma part, comme chaque année depuis maintenant trois ans, je décide de me rendre au Bar Des Vedettes, près de la place des Vosges. Je dois avouer que le spectacle qui m’est offert en descendant la rue st-dizier est bien tristounet : beaucoup d’agents de sécurité et d’automobilistes mécontents, et peu de musiciens, ou alors deux ou trois mecs qui se prennent pour David Guetta en sortant leur ordinateur et un câble mini-jack. Mouais.
Heureusement, aux vedettes j’ai Rendez-vous avez trois des meilleurs groupes de Nancy, Truck Drivers et ses covers 50’s en costume d’époque, Boneyard Moan et son Hard Blues aux accents écossais et enfin Dirty Work Of Soul Brothers, du gros rock garage où la guitare cède la place aux claviers. Bilan de la soirée ? Du gros son, une grosse ambiance, un gros débit de boisson, et pas un seul nez cassé ni vomi dans les ruelles. Cela pourrait s’expliquer par un concert bien sage et posé avec un public constitué de représentants du quatrième âge. Que nenni ! DWOSB était d’ailleurs à deux doigts de déclencher une émeute, j’avais rarement vu un tel bordel sur la terrasse d’un bar nancéien. Et pourtant, et on le redit, aucun problème !
En voilà donc une énigme, on récapitule : de l’alcool, de la musique bien forte, beaucoup de monde… et pas une embrouille ? Deux explications possibles : puisque nous étions en soir de match, les potentiels hooligans ont préféré rester chez eux pour regarder le foot, ou alors peut être que nous sommes finalement capables de nous auto-réguler, de vivre librement et de s’amuser en toute responsabilité, et ce malgré l’état d’urgence et l’ambiance de parano totale qui pèse sur le pays ?
Et si c’était ça, finalement, la solution ? Puisque tant qu’il y aura des ivrognes frustrés venus pour faire n’importe quoi nos dirigeants auront toute latitude et légitimité à sortir le bâton et les interdictions, pourquoi on ne s’arrangerait pas pour arrêter d’être des ivrognes frustrés ? Et si on apprenait, finalement, à s’amuser, et plus largement, à avancer sans le consentement et la bénédiction de nos Hommes et Femmes politiques, en nous responsabilisant un peu ? Et attention, je ne vous parle pas de passer la soirée à boire du champomy en assistant à un concerto pour violons. Au contraire, on peut vivre de vrais concerts avec de vrais musiciens et un vrai public et en buvant avec la sacro-sainte modération qui reste bien souvent la clé du problème pour beaucoup.
Voilà, hier nous nous sommes donc beaucoup amusés au Bar des Vedettes, malgré un climat sécuritaire, et entre individus dotés de bon sens. Le meilleur moyen d’avoir une démocratie saine, c’est peut être aussi d’avoir des citoyens sains. Alors comme le disaient les Beastie Boys : bats-toi pour ton droit à faire la fête, sors de chez toi, montre que t’es capable de t’amuser en adulte. Ton politique sera bien obligé de te le rendre au centuple.